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Les soeurs Augustines (Hospitalières) Les pères Jésuites Les soeurs Ursulines (Les enseignantes)

Dès la constitution de l'ordre en Nouvelle-France, en 1562 ou 1566, la mission a été de venir au secours des malades et des pauvres.

C'est pourquoi la Maison où elles rendent ces bons offices s'appelle "l'Hostel-Dieu".

En 1637, les trois premières Augustines arrivent en Canada. Ces trois futures fondatrices de l'Hôtel-Dieu de Québec sont Marie Guenet de St-Ignace, Marie-Fortier de St-Bonaventure et Anne le Contre de St-Bernard. Deux ans après leur arrivée, elles fondent l'Hôtel-Dieu de Québec (1639), sur des terrains appartenant aux Jésuites.

En 1692, Mgr de Saint-Vallier (de son nom complet: Jean-Baptiste de La Croix de la Chevrières de Saint-Vallier, né le 14 novembre 1653 à Grenoble et décédé à Québec le 26 décembre 1727) achète des Récollets leur église de la basse-ville et le couvent pour en faire un hôpital pour les pauvres, les invalides et les vieillards. L'année suivante, les Augustines sont détachées de l'Hôtel-Dieu pour servir à l'Hôpital-Général de Québec. Hôpital qu'elles occupent depuis 1697.


Dessin de la Chapelle des Récollets
BANQ: P600,S6,D1,P120

repas site internet
Augustines servant le repas aux malades
Tiré du site Internet: http://www.augustines.ca

hospitalières
Augustines en prière pour les grands malades
Tiré du site: Monastère des Augustines de Québec

Chapelle des Augustines attenante à l'Hôtel-Dieu-de-Québec (ouverture en 1803)
ma photo 2008-06-03

Les mois de guerre menant à la conquête de 1759 par les Anglais

Durant cette période, les Hospitalières de l'Hôpital Général ont joué un rôle très important pour la protection des religieuses et des citoyens habitant la ville.

La situation de l'Hôpital Général dans le "faux bourg" (c'est-à-dire : le bourg hors des murs) St-Roch était suffisamment loin de la ville de cette époque. Il n'en était pas de même pour les Hospitalières de l'Hôtel-Dieu et les Ursulines qui elles, étaient au coeur de l'action.

À partir de la prise par les Anglais de La Pointe-de-Lévis, autour du 12 juillet 1759, la ville n'a pas cessé d'être bombardée. Le 2 septembre 1759 près de 18 000 boulets de diverses grosseurs et des "carcasses" (bombes incendiaires) ont été tirés sur la haute ville surtout. Ce sont les bombes incendiaires qui causent le plus de dégats. À la capitulation, c'est plus de la moitié de la ville qui est détruite.

Les Hospitalières de l'Hôtel-Dieu et les Ursulines ont demandé l'hospitalité aux religieuses de l'Hôpital Général. Elles ont accepté, bien sûr, mais elles ont dû réorganiser entièrement leur petit hôpital.

Avant l'arrivée de ces religieuses, l'Hôpital Général a dû admettre les soldats malades venus de France en renfort, en vue du siège imminent. Comme c'était souvent le cas pendant les traversées, beaucoup de soldats sont arrivés malades et plusieurs y sont décédés. Les religieuses de l'Hôpital Général ont rempli bravement leur rôle d'hospitalière même si plusieurs de celles-ci périrent en soignant ces soldats.

Pendant le plus fort de la bataille, les Hospitalières ont accueilli les citoyens qui fuyaient les bombardements ou qui voulaient demeurer près des leurs qui se battaient ou combattaient les incendies.

Comme le dit la religieuse qui a écrit la chronique de cette période:

Pour lors, il fallut nous loger; nous avions fait monter, à l'arrivée de la flotte ennemie, dans les Ville de Montréal et des Trois-Rivières, toutes les familles de distinction, marchandes et bourgeoises, en état de se soutenir par elles-mêmes, par là débarrasser la Ville de tout ce qui pourrait lui être à charge pendant le siège.


Tiré de : Nos racines/Our roots : "Relation de ce qui s'est passé au siège de Québec, et de la prise du Canada" page 007

À cause de la situation géographique de l'Hôpital Général, il était hors de la portée des canons de l'armée britannique (ceux-ci étaient situés à la Pointe-de-Lévis). Le pauvre peuple qui n'avait pas pu déménager à Trois-Rivières ou à Montréal, s'y est réfugié. Ainsi près de 600 personnes vivaient à l'hôpital ou aux alentours immédiats. Tous les endroits pouvant servir d'abri étaient occupés, y compris les granges et les greniers. Cet afflux de sans abris et de malades ou blessés causait de graves problèmes de nourriture. La famine, les maladies et les risques causés par les envahisseurs étaient omniprésents.


Hôpital Général de Québec 1940
BANQ: P600,S6,D1,P0131


Hôpital Général vue de l'édifice Marie Guyart en 2007. Les édifices autour du clocher situé au centre de la photo constituent l'Hôpital Général.
Ma photo 2007

Les pères Jésuites arrivent en Nouvelle-France, à Québec, en 1625. Les trois premiers Jésuites sont : les pères Ennemond Massé, Jean de-Brébeuf et Charles Lalemand. Ces deux derniers sont mieux connus pour être morts martyrisés par les Amérindiens (Iroquois).

En 1626, Champlain concède aux Jésuites la seigneurie Notre-Dame-des-Anges qui couvrait les quartiers actuels de Limoilou, Charlesbourg et Beauport.

Tout ce qui reste de cette seigneurie est l'emplacement de l'Hôpital Général. D'ailleurs, l'Hôpital Général et le terrain constituent à eux seuls la municipalité de Notre-Dame-des-Anges. Cette petite municipalité, complètement enclavée dans la ville de Québec, dépend entièrement de cette dernière pour ses infrastructures.

Cependant, ils ont peu de temps pour s'installer puisque quatre ans seulement après, en 1629, ils quittent à l'arrivée des frères Kirk. Ils ne reviendront qu'après leur départ en 1632.

À leur retour, ils s'installent près de la Basilique Notre-Dame de Québec, plus précisément à l'endroit qu'occupe, depuis 1899, l'Hôtel de Ville de Québec.

Le seul vestige de ce collège des Jésuites est son linteau frontal installé comme monument sur le terrain près de l'entrée de l'Hôtel de Ville de Québec.


Linteau du Collège des Jésuites
Ma photo 2013

En 1635, ils y construisent un collège dans le but d'instruire et d'évangéliser les autochtones et y exercer des activités curiales. Mais les activités pour les autochtones ne sont pas populaires auprès de ces derniers. Graduellement, le collège a abandonné sa mission envers les autochtones pour celles de collège classique pour les blancs.


Le collège des Jésuites sera le seul collège de la colonie à dispenser des cours du niveau secondaire jusqu'en 1759.


En 1666, les Jésuites construisent une église, attenante au collège où ils exercent leurs activités curiales. Mais Mgr de Laval, ne voit pas cela d'un bon oeil et, jalouse peut-être le fait que cette église se veut la plus belle de la colonie faisant ainsi ombrage à l'église paroissiale et résidence de Monseigneur. Auparavant, en 1659, Mgr de Laval, avait nommé un prêtre séculier, il retirera donc aux Jésuites leur cure.


En 1666, Louis XIV demande aux Jésuites de créer des bourgs afin de favoriser le développement de la colonie. Les Jésuites créeront un petit bourg avec en son centre un "trait carré". Il s'agit de celui de Charlesbourg. 

Autant en Nouvelle-France qu'ailleurs dans le monde, la Congrégation de Jésus, les Jésuites, acquièrent beaucoup de richesses et de pouvoir. Cette situation fait ombrage à plusieurs monarques européens. En juillet 1773, probablement sous la pression de ces monarques, le Pape Clément XIV dissout la Congrégation de Jésus.

Selon Wikipédia, Clément XIV a été élu parce que les couronnes de France, du Portugal et d'Espagne ont manœuvré pour éliminer les cardinaux favorables aux Jésuites. En permettant l'élection de Clément XIV, lui-même éduqué par les Jésuites, elles s'assuraient de l'obéissance de ce dernier pour faire dissoudre l'ordre. Cependant, peut-être par remords à répudier ses éducateurs, mais il n'a pas publié une bulle papale qui aurait mis fin définitivement à l'existence de cette congrégation, mais, un bref apostolique rendant la dissolution révocable.

L'ordre des Compagnons de Jésus, les Jésuites, est rétabli par le pape Pie VII en 1814. En 1842, à l'invitation de Mgr Bourget, évêque de Montréal, les Jésuites reviendront au Canada. Ils reviendront à Québec en 1849, à la demande de Mgr Signay, évêque de Québec.

Avec la conquête par les Anglais, les choses vont de nouveau changer pour les Jésuites. Entre autres, le collège classique sera occupé par les militaires britanniques à l'exception de la partie de résidence du dernier Jésuite, le Père Casot. À la mort de ce dernier en 1800, le collège devient entièrement une caserne militaire jusqu'en 1871, au moment du départ de la garnison britannique de Québec.

Dans le testament du père Jean-Joseph Casot, dernier Jésuite, les biens de ces derniers sont légués aux Augustines, aux Ursulines et à plusieurs paroisses.

Cependant, ces biens seront confisqués par les autorités coloniales britanniques et ne seront restitués à la Province qu'après la Confédération.

 

En 1877, le collège est démoli en prévision de la construction de l'hôtel du Gouvernement de la Province mais il est jugé trop petit. On y construira l'hôtel de ville actuelle.

collège des Jésuites barracks
Collège des Jésuites en 1875
BANQ: P546,D3,P63

moulin de cote
Moulin des Jésuites près du Trait-Carré à Charlesbourg
Vue de trois-quart arrière
Ma photo 2010

trait-carré 2
Moulin des Jésuites près du Trait-Carré à Charlesbourg
Vue de trois-quart avant
Ma photo 2010

Ce moulin banal, moulin à farine, a été restauré en 1990-1991 par la ville de Charlesbourg qui en a fait l'acquisition en 1982.

Avant cette restauration, il a longtemps servi de garage où l'on réparait des autos. Au cours du développement de la municipalité de Charlesbourg, on a complètement recouvert le ruisseau qui servait de source d'énergie au moulin.

Selon une carte de 1879, le ruisseau serait le "Ruisseau de la cabane aux taupières". Je donne cette information avec réserves parce qu'il me semble que lors d'une de mes visites à ce moulin, on m'avait dit qu'il s'agissait de la rivière Lairet. Mais selon cette carte de 1879, les branches sources de la rivière Lairet ne se rendent pas jusqu'au moulin.

Sur la photo plus haut, où l'on voit l'arrière du moulin, il est possible d'apercevoir l'entrée (entrée en arche) du ruisseau dans le moulin.

Les deux photos qui suivent montrent partiellement le Moulin des Jésuites de Sillery avant les rénovations (photo du haut) et après les rénovations.

En face du moulin se trouve un cimetière catholique pour les Amérindiens, probablement le premier et le seul.

Cette maison, à l'époque de sa construction, loin de la ville, était destinée à convertir à la "vraie foi", les autochtones. Cependant, il ne semble pas que les autochtones n'aient pas été aussi faciles à convertir que prévu.

 


Moulin des Jésuites de Sillery façade
Ma photo 2014


Moulin des Jésuites de Sillery vue arrière
Ma photo 2014

Au XVIIe siècle, la France connaît un regain de mysticisme et de désir d'évangélisation. L'appel du Nouveau Monde est de plus en plus entendu chez les communautés religieuses féminines. C'est le cas des Ursulines de Tours. Un problème et une inquiétude importante sont soulevés par le fait que les Ursulines sont des cloîtrées.

Le cloître, instauré à la suite du concile de Trente (1545-1563), se voulait, pour les communautés féminines, une protection contre les tentations extérieures.
Ce remaniement réglementaire entraîne, entre autres, la subordination des couvents féminins aux autorités ecclésiastiques.

La clôture féminine confine les religieuses au cœur de leur couvent alors que celle des hommes se résume à ne pas laisser entrer les femmes.


Les conditions de vie en Nouvelle-France ont forcé la modification des règles du cloître. Les Ursulines de la Nouvelle-France constitueront, pour cette raison, une communauté distincte de celle de Tours.

Référence: Cap-aux-Diamants, no 118, été 2014 par Jessica Barthe, page 7

Malgré la réticence du clergé et même de celle du directeur spirituel de Marie-de-l'Incarnation (Marie Guyart), à qui elle en a d'abord parlé, le clergé accepte de permettre à trois Ursulines et trois Augustines de partir pour le Nouveau-Monde.

Les soeurs fondatrices du couvent des Ursulines en Nouvelle-France sont: mère Marie-de-l'Incarnation (Marie Guyart), mère Marie-de-St-Joseph et mère Cécile-de-Ste-Croix ainsi que leur protectrice Mme de La Peltrie (Marie-Madeleine de Chauvigny).

Ces trois religieuses sont arrivées à Québec, le 1er août 1639 après un long voyage de trois mois sur l'Atlantique. Elles étaient accompagnées par les trois soeurs Augustines qui venaient ouvrir un hôpital pour la colonie.

La première habitation qui leur a été prêtée était une maison comportant une seule pièce et faisait probablement 16 pieds par 16 pieds (on dit dans le texte de Marie-de l'Incarnation, 16 pieds carrés, ce qui ne peut certainement pas loger les 3 soeurs et Mme de la Peltrie ainsi que les élèves qui dès les premiers jours viennent y suivre des cours.)

Trois ans après leur arrivée en Nouvelle-France, le couvent était presque prêt à les accueillir. En fait, tous les murs n'étaient pas fermés et, seule, la cuisine avait un poêle! Malgré cela et malgré l'hiver qui s'en venait, les soeurs Ursulines y ont quand même vécu, pendant l'hiver 1642.

Au cours des années 1641-1642, Mère Marie de l'Incarnation a connu de grandes angoisses. En effet, la bienfaitrice de la petite communauté avait été charmée et impressionnée par Jeanne Mance.

Voici ce qu'on peut lire sur le site Nos Racines, chapitre:

"Une période d'angoisse."

Dès leur arrivée à Québec à la fin de l'été 1641, M. de Maisonneuve et mademoiselle Mance entrèrent en relation avec Mme de la Peltrie. Celle-ci jeune, impressionnable, enthousiaste , aussitôt qu'elle a connu Mlle Mance qu'elle s'unit étroitement à elle. Elle conçut une si grande affection pour les colons de Montréal qu'elle les accompagna jusque-là et on crut pendant un certain temps qu'elle se détacherait de sa fondation de Québec pour résider à Montréal avec Mlle Mance." Mme de la Peltrie demeura à Montréal de mai 1642 à l'automne 1643. Selon ce site, ce serait son directeur de conscience qui l'aurait fait revenir à Québec pour continuer son oeuvre. Lors de son départ pour Montréal, Mme de la Peltrie avait emporté des meubles et plusieurs autres choses qu'elle avait donnés aux Ursulines, selon Marie Guyart.

Mlle Jeanne Mance est maintenant reconnue comme co-fondatrice de Montréal avec Maisonneuve. En fait, selon certains historiens, ce serait plutôt elle la vraie fondatrice. Maisonneuve était un noble qui ne foutait rien, selon Serge Bouchard, historien et auteur des "Remarquables oubliés" à la radio de Radio-Canada.

En décembre 1650, leur nouveau couvent est complètement détruit par le feu. La soeur cuisinière aurait oublié des charbons rouges dans le pétrin pour le pain et serait tombée endormie avant de les enlever.

Elles ont été recueillies pendant trois semaines chez les Hospitalières de l'Hôtel-Dieu et par la suite, dans la petite maison de Mme de la Peltrie pendant la reconstruction du couvent. La reconstruction s'est faite relativement rapidement et toute la petite communauté de Québec a aidé financièrement et physiquement à cette reconstruction. Elles sont entrées dans leur nouveau couvent le 29 mai 1652 soit un peu moins de deux ans après l'incendie.

L'enseignement que donnent les Ursulines aux petites "sauvages" est essentiellement le catéchisme. mère Marie de l'Incarnation a appris la langue des Hurons de cette façon avec les quelque 80 élèves autochtones qu'elle a accueillis pour les protéger des Iroquois. Elle leur a permis avec mère de Saint-Joseph de réciter leurs prières catholiques dans leur langue.

À cette époque, on appelait 'francisation" rendre les autochtones bons, pieux, charitables sous l'influence du christianisme. mère Marie de l'Incarnation disait : "Un Français devient plutôt sauvage qu'un Sauvage devient Français."

Les Ursulines ont comme vocation d'enseigner. Elles sont donc venues en Nouvelle-France pour continuer la mission qu'elles avaient en France depuis la constitution de leur ordre. La clientèle visée était d'abord les filles autochtones.

Le destin des Ursulines et celui des Pères Jésuites sont intimement liés, surtout en Nouvelle-France. Les deux congrégations ont été fondées presqu'en même temps, en France, en 1534 pour la Compagnie de Jésus (les Jésuites) et, autour de 1533 pour Les Ursulines par Sainte-Angèle. Les objectifs de ces deux congrégations étaient les mêmes, l'une pour les jeunes filles et l'autre pour les garçons.

En Nouvelle-France, les Jésuites, les Ursulines et les Augustines se sont toujours entraidés lors de leur établissement dans la colonie ou lorsque survenaient des malheurs. La présence de ces trois communautés en Nouvelle-France a été quasi continuelle jusqu'à nos jours. Seuls les Jésuites dont l'ordre a été suspendu en 1773 ont quitté la colonie pour une période d'environ 60 ans.

Les Récollets, c'est à dire, les Franciscains, sont arrivés 10 ans avant les Jésuites, à la demande de Champlain. Leur rôle plus effacé dans l'histoire tient peut-être au fait que contrairement aux Jésuites, les Franciscains ont la réputation de ne jamais se mêler aux affaires de l'État.

Il semble, cependant, que les mieux nantis financièrement étaient les Jésuites. Ils ont disposé de grandes terres concédées par les autorités de la colonie. Les terrains sur lesquels les Ursulines et les Augustines se sont installées ont été donnés par les Jésuites.

Les soeurs fondatrices du couvent des Ursulines en Nouvelle-France sont: mère Marie-de-l'Incarnation (Marie Guyart), mère Marie-de-St-Joseph et mère Cécile-de-Ste-Croix ainsi que leur protectrice Mme de La Peltrie.

Ces trois religieuses sont arrivées à Québec, le 1er août 1639 après un long voyage de trois mois sur l'Atlantique. Elles étaient accompagnées par les trois soeurs Augustines qui venaient ouvrir un hôpital pour la colonie.

La première habitation qui leur a été prêtée était une maison comportant une seule pièce et faisait probablement 16 pieds par 16 pieds (on dit dans le texte de Marie de l'Incarnation, 16 pieds carrés, ce qui ne peut certainement pas loger les 3 soeurs et Mme de la Peltrie ainsi que les élèves qui dès les premiers jours viennent y suivre des cours.)

Trois ans après leur arrivée en Nouvelle-France, le couvent était presque prêt à les accueillir. En fait, tous les murs n'étaient pas fermés et, seule, la cuisine avait un poêle! Malgré cela et malgré l'hiver qui s'en venait, les soeurs Ursulines y ont quand même vécu, pendant l'hiver 1642.

Mère Marie de l'Incarnation a connu de grandes angoisses au cours des années 1641-1642. En effet, la bienfaitrice de la petite communauté avait été charmée et impressionnée par Jeanne Mance.

Voici ce qu'on peut lire sur le site Nos Racines, chapitre intitulé:

"Une période d'angoisse."

Dès leur arrivée à Québec à la fin de l'été 1641, M. de Maisonneuve et mademoiselle Mance entrèrent en relations avec Mme de la Peltrie. Celle-ci jeune, impressionnable, enthousiaste , n'eut pas plutôt connu Mlle Mance qu'elle s'unit étroitement à elle. Elle conçut une si grande affection pour les colons de Montréal qu'elle les accompagna jusque-là et on crut pendant un certain temps qu'elle se détacherait de sa fondation de Québec pour résider à Montréal avec Mlle Mance." Mme de la Peltrie demeura à Montréal de mai 1642 à l'automne 1643. Selon ce site, ce serait son directeur de conscience qui l'aurait fait revenir à Québec pour continuer son oeuvre. Lors de son départ pour Montréal, Mme de la Peltrie avait emportée des meubles et plusieurs autres choses qu'elle avait donnée aux Ursulines, selon Marie Guyart.

Mlle Jeanne Mance est maintenant reconnue comme co-fondatrice de Montréal avec Maisonneuve. En fait, selon certains historiens, ce serait plutôt elle la vraie fondatrice. Maisonneuve était seulement un noble qui ne foutait rien, selon Serge Bouchard, historien et auteur des "Remarquables oubliés" à la radio de Radio-Canada .

En décembre 1650, leur nouveau couvent est complètement détruit par le feu. La soeur cuisinière aurait oublié des charbons rouges dans le pétrin pour le pain et serait tombée endormie avant de les enlever.

Elles ont été recueillies pendant trois semaines chez les Hospitalières de l'Hôtel-Dieu et par la suite, dans la petite maison de Mme de la Peltrie pendant la reconstruction du couvent. La reconstruction s'est faite relativement rapidement et toute la petite communauté de Québec a aidé financièrement et physiquement à cette reconstruction. Elles sont entrées dans leur nouveau couvent le 29 mai 1652 soit un peu moins de deux ans après l'incendie.

L'enseignement que donne les Ursulines aux petites "sauvages" est essentiellement le catéchisme. Mère Marie de l'Incarnation a appris la langue des Hurons de cette façon avec les quelque 80 élèves autochtones qu'elle a accueilli pour les protéger des Iroquois. Elle leur a permis avec Mère de St-Joseph de réciter leurs prières catholiques dans leur langue.

À cette époque, on appelait 'francisation" rendre les autochtones bons, pieux, charitables sous l'influence du christianisme. Mère Marie-de-l'Incarnation disait : "Un Français devient plutôt sauvage qu'un Sauvage devient Français."

Les Ursulines ne faisaient pas seulement qu'enseigner aux jeunes filles, elles nourrissaient souvent les hommes et les femmes autochtones qui venaient les visiter. Au cours d'une année, on a compté jusqu'à 800 visites de la sorte.

Contrairement, à leurs consœurs de France, les Ursulines de la Nouvelle-France ne pouvaient pas compter sur l'apport financier des parents des élèves à qui elles enseignaient. Ainsi, malgré les dons généreux de Mme de la Peltrie, elles étaient toujours à bout de ressources financières. Les Jésuites dans une "Relations des Jésuites" disent des Ursulines: "Que l'aumône chez elle se fait tout le temps, leur coeur est plus grand que leurs biens." En effet, elles ne refusent aucune Française ou autochtone pour les instruire même si souvent, c'est le cas pour les autochtones, elles doivent les habiller et les nourrir et parfois nourrir aussi la famille pour les garder. En 1632 avait été concédée, par la Compagnie de la Nouvelle-France, la seigneurie de Sainte-Croix aux soeurs Ursulines de la Nouvelle-France. Cependant, ce n'est qu'en 1646 qu'elles en ont pris possession. À partir de ce moment, elles ont commencé à en faire des concessions, ce qui leur procura certainement une bonne source de revenus.

La première famille à payer une dot pour ses filles données aux Ursulines est la famille de Jean Bourdon (rue Saint-Jean en son honneur). Puisque Jean Bourdon n'avait pas d'argent, mais des terres, il donna aux Ursulines son fief de Lauzon. La famille Bourdon donna trois de ses filles aux religieuses, deux aux Ursulines et une aux Augustines.

Les oubliés héroïques de l'histoire des religieuses


Lorsque le monastère des Ursulines s’enflamme pendant la nuit du 30 décembre 1650, Marie de l’Incarnation pense à sauver les papiers de la communauté. Pendant ce temps, deux religieuses rompent une grille pour s’échapper avec les enfants du dortoir, mais les plus jeunes des petites filles pensionnaires sont trop terrorisées pour les suivre et restent en arrière.

Au lieu de fuir avec les deux autres religieuses et les plus grandes enfants, Charlotte Barré, la jeune servante de Madame de La Peltrie devenue l’une des Ursulines, prend son courage à deux mains et risque sa vie en entrant dans la chambre des petites où les murs brûlent déjà, sachant que tout risque de s’effondrer. Entraînant les petites avec elle, Charlotte les sort de là ; il était temps, car le plancher s’effondre derrière les enfants, et le reste du bâtiment ne va pas tarder à faire de même.

Ce jour-là, plusieurs petites pensionnaires des Ursulines échappent à une mort atroce grâce au courage de Charlotte, aussi appelée mère Saint-Ignace, le nom de religion qu’elle s’était choisi (sans doute en l’honneur de saint Ignace de Loyola, le fondateur des Jésuites, un combattant devenu handicapé qui se transforma en mystique).

Si on connaît son exploit, c’est grâce à la correspondance de Marie de l’Incarnation (lettre à son fils du 3 septembre 1651), mais, malgré cela, Charlotte ne figure même pas sur la liste des personnages historiques répertoriés à biographi.ca, le dictionnaire biographique du Canada.

L’a-t-on omise parce que c’était une femme, et une ancienne petite servante de surcroît, de même qu’une religieuse considérée comme ordinaire ? Elle s’est pourtant révélée être une héroïne dont le Québec et le Canada ont de quoi être fiers.

Une autre héroïne qui apparaît à biographi.ca, Marie Guénet, la fondatrice des Hospitalières de Québec, dont pratiquement personne ne connaît le nom aujourd’hui, alors qu’elle a franchi l’océan au début de la vingtaine et n’avait pas plutôt débarqué qu’elle commençait à soigner, au péril de sa vie, les victimes d’une épidémie de variole, une maladie très contagieuse, souvent mortelle à l’époque.

Contrairement aux Ursulines qui s’installent dans un monastère à Québec, les jeunes Hospitalières acceptent de partir en mission, comme les Jésuites, ce qu’on ne rappellera jamais assez, mais elles y vont pour soigner plutôt que pour prêcher. C’est à Sillery qu’elles bâtissent leur hôpital, pour soigner les Amérindiens. Une fois sur place, les Hospitalières manquent de tout, particulièrement de chaleur en hiver et de nourriture, au point que Marie tombe gravement malade et qu’une autre mère supérieure qui racontera cette histoire plus tard, Jeanne-Françoise Juchereau de La Ferté, le fera sur un ton où l’on devine son indignation que la colonie n’ait même pas trouvé le tour de fournir aux sœurs de quoi lui préparer des bouillons que la malheureuse soit capable d’avaler (ce sera occasionnellement possible, mais pas assez régulièrement).

Obligées plus tard de quitter Sillery pour retourner à Québec en raison des attaques des Iroquois, les Hospitalières manquent de fonds pour s’installer là-bas. Elles aident donc les ouvriers en transportant des pierres pendant les travaux de construction. Encore très affaiblie, Marie Guénet fournit un effort proprement surhumain pour achever la construction avant l’hiver et, de la sorte, assurer la sécurité des religieuses dont elle est responsable ; elle y parvient, mais meurt aussitôt après, d’épuisement sans doute, après avoir littéralement tout sacrifié pour prendre soin des malades et des religieuses. Une autre héroïne au vrai sens du terme, mais aussi une femme qui a vécu un martyre qui aurait pu être évité si les Hospitalières avaient reçu suffisamment de soutien, ce qui ne fut manifestement pas le cas, malgré les efforts de plusieurs pour les aider.

On pourrait aussi bien sûr rappeler à notre mémoire collective les deux femmes auxquelles on doit de connaître cet épisode de notre histoire, qui sont Jeanne-Françoise Juchereau de La Ferté, que nous avons déjà mentionnée, et Marie-Andrée Regnard Duplessis, une autre religieuse à laquelle Jeanne-Françoise Juchereau de La Ferté, bien que très malade, parvint à dicter, avant de mourir, Les annales de l’Hôtel-Dieu de Québec, 1636-1716. Ce livre, une histoire de l’Hôtel-Dieu de Québec accessible en ligne sur BAnQ, fait d’elles les deux premiers historiens du Canada (eh oui, nos premiers historiens étaient des historiennes) ; pourtant, elles n’apparaissent pas sur la liste des historiens du Québec à histoire-du-quebec.ca.

Conclusion : notre devise a beau être « Je me souviens », il existe encore beaucoup trop de remarquables oubliées, que nous aurions avantage à redécouvrir.


Copie d'un article de Le Devoir paru le 20 juillet 2021
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