La fréquentation scolaire au Québec


École de rang Sainte-Germaine 1937
Photo tiré d'un article de Le Devoir

L'éducation au Québec de 1850 à 1960.

C'est à partir de 1824 que le Gouvernement du Bas-Canada commence à légiférer en matière d'éducation. D'abord la Loi des Fabriques, les Fabriques, organisme paroissial qui gère les dîmes et les taxes perçues par l'Église ainsi que les activités caritatives et l'entretien de l'église, sont chargées de fonder des écoles, si elles le souhaitent! Ce système n'a pas fonctionné.

En 1829, le Parti Canadien fait adopter la Loi des Écoles de syndicts qui relèvent des notables locaux et de l'État. Elle donne de bons résultats jusqu'à ce que la minorité anglophone bloque les budgets.

Un personnage important pour l'éducation des gens pauvres s'illustre dans cette période, il s'agit de Joseph-François Perrault (1753-1844). Contrairement à ce que croyaient les religieux de cette époque, la pauvreté n'était pas une fatalité. Il croyait qu'avec une éducation adéquate tout le monde pouvait améliorer son sort, apprendre des métiers et gravir les échelons de la société. Il ne voulait pas que les religieux aient la mainmise sur le système scolaire. L'éducation religieuse était du ressort des parents, selon lui. On pensait que la révolution industrielle permettrait la généralisation de la fréquentation scolaire et ainsi permettrait à tout le monde d'avoir un niveau plus élevé de scolarisation. Dans la période de 1871 à 1901, on observe une généralisation de la fréquentation scolaire cependant, cette généralisation ne se traduit pas par un allongement du temps de la fréquentation de façon significative. On remarque qu'en 1901, il y a plus d'enfants au travail qu'il y en avait en 1871 et en particulier chez les filles.

Filles de 14ans: 1901: 18% 1871: 8%

Garçons de 14 ans: 1901: 31% 1871:16%

N.B. Ces statistiques sont basées sur les enfants qui sont enregistrés à l'école, elles ne font pas état, bien sûr, de ceux qui n'apparaissent pas dans les registres scolaires.

Il faut dire que le Québec est un des derniers endroits dans les pays développés à adopter une loi sur la fréquentation scolaire obligatoire des enfants de 6 à 14 ans. Ce n'est qu'en 1943 qu'une telle loi est adoptée.

Danemark: 1840

France: 1882

Ontario: 1891

L'ensemble des autres provinces canadiennes: 1931

Est-ce qu'on peut penser que l'influence des propriétaires anglais qui, dans bien des cas au Québec, dominaient le Gouvernement et voulaient éviter que leur main-d'œuvre à bon marché, en majorité francophone, ne disparaisse en devenant plus qualifiée et plus instruite? Il s'agit de ma réflexion, l'étude sur laquelle je me base et d'où proviennent ces statistiques n'en fait pas mention.

En 2013, après 70 ans de la loi faisant de la fréquentation scolaire une obligation de 6 à 14 ans, Le Devoir retraçait l'historique au Québec de la fréquentation et montrant pourquoi le Québec a été la dernière province à adopter une loi à cet effet.

Tout débute en 1875 avec l'abolition du ministère de l'Instruction publique. En confiant, la direction du système d'éducation à des Comités catholiques et protestants du Conseil d'éducation publique. On crée ainsi une théocratie qui en dicte les règles. 

Pour les évêques, l'éducation est la responsabilité des parents et la fréquentation scolaire obligatoire, brimerait les droits des parents et réduirait l'emprise de l'Église sur le système d'éducation. 

En 1892 autres tentatives avortées sous le gouvernement d'Honoré Mercier même si un recensement montrait que 30% des Québécois étaient illettrés contre 7% en Ontario.

En 1897, le gouvernement de Félix-Gabriel Marchand fait adopter une loi en ce sens à la Chambre d'assemblée, mais est bloqué par les non-élus du Conseil législatif parce que l'épiscopat était allarmé par la situation en France dont l'affaire Dreyfus et surtout des manifestations des gens de gauche pronant l'école neutre. La pression de l'épiscopat a bloqué la loi. (L'affaire Dreyfus accuse faussement un militaire juif de France d'espionnage. On le condamne à tort et même après avoir pris connaissance du véritable traitre, l'armée française cache la vérité. Il sera reconnu faussement coupable en 1899, mais les preuves démontrent son innocence qui ne sera reconnue qu'en 1906.) Il n'y pas de rapport avec l'affaire Dreyfus, ce n'est que circonstaciel.

Mais des voix s'élèvent, en 1907, l'abbé Nazaire Dubois, principal d'école, prône l'école obligatoire contre ses supérieurs.

Encore en 1909, la CECM veut faire voter une loi à cet effet. Des personnages politiques importants s'y impliquent, mais l'Épiscopat envoie une fin de non-recevoir.

Même en 1930, le pape ayant émis une directive visant à rendre l'école obligatoire dans tous les états pontificaux n'a pas fait bouger l'Épiscopat québécois.

Finalement, le 17 décembre 1942, le Comité catholique adopte une résolution favorable à l'école obligatoire.

C'est le 26 mai 1943 que l'Assemblée nationale adopte la loi rendant obligatoire la fréquentation scolaire des enfants de 6 à 14 ans. 

Avec le retour de Maurice Duplessis au pouvoir, le progrès reculera un peu, mais la loi sera maintenue.

 

De plus, on sait que les francophones catholiques sont soumis à l'Église catholique et que celle-ci ne favorise pas tellement que le peuple se cultive et encore moins les femmes. Pendant cette période et jusqu'à tard au XXe siècle, le réseau scolaire francophone catholique ne donne pas accès à l'université aux femmes alors que le réseau protestant le permet.
La faible fréquentation scolaire des francophones catholiques avait toujours été attribuée à leur culture. En effet, ce mythe a toujours été entretenu sans que personne ne se donne la peine de le vérifier. Lord Durham dans son rapport parle d'une nation sans histoire et sans culture.

"L'autorité ecclésiastique à laquelle il (le peuple canadien-français) s'était habitué établit ses institutions autour de lui, et le prêtre continua d'exercer sur lui son influence. On ne prit aucune mesure en faveur de l'instruction parce que sa nécessité n'était pas appréciée ;(mon soulignement) le colon ne fit aucun effort pour réparer cette négligence du Gouvernement. Nous ne devons donc plus nous étonner."
"...ils demeurèrent (le peuple canadien-français) sous les mêmes institutions le même peuple ignare, apathique et rétrograde." (Rapport Durham 1839)
Cependant, dans une étude effectuée et publiée en 1911 sous le titre: L'instruction au Canada sous le régime français (1635 -1760) par l'abbé Amédée Gosselin, archiviste et professeur d'histoire du Canada au Séminaire de Québec et à l'Université Laval, on peut mettre en doute que la religion catholique n'ait pas été favorable à l'éducation des enfants.

Il décrit la situation suivante en 1666, après 30 ans d'enseignements des Jésuites et des Ursulines.

La colonie ne compte que 3215 personnes dont:

416 enfants entre 7 et 15 ans:
207 de 7 à 11ans
209 de 11 à 15ans, filles et garçons confondus.
À Québec: 29 enfants de 7 à 11 ans (15 gars 14 filles) et 44 de 11 à 15 ans.

Les Jésuites et les Ursulines avaient respectivement 20 gars et 21 filles à leur institution. Donc si on fait la proportion pour Québec en 1666, 41 enfants sur 73 ce qui ferait 56% des enfants fréquentaient ces institutions tant primaire que secondaire à cette époque. Cependant, l'auteur prétend que plusieurs de ces enfants venaient aussi de l'extérieur de Québec.

Les Jésuites et les Ursulines ont maintenu jusqu'en 1776 l'enseignement de l'écriture, la lecture et l'arithmétique. Fait à noter, 1776 c'est-à-dire 16 années après la conquête.

Dans cette étude, il y ait fait longuement mention des efforts des religieux dont Mgr de Laval et Mgr de Saint-Vallier pour établir des écoles pour les gens du peuple, non seulement à Québec, mais aussi autour de Québec comme à Saint-Joachim et Château-Richer.

Par contre, tous ces endroits exigeaient des frais pour la pension et l'enseignement. On y fait mention aussi, que quelques enfants pauvres étaient acceptés par charité.

À Saint-Joachim et Château-Richer on enseignait aussi des métiers reliés aux travaux de la terre en plus, d'enseigner le catéchisme, la lecture et l'écriture. Ceux qui n'avaient pas le talent ou n'avaient pas la vocation ne faisaient pas le cours classique qui, bien sûr, se donnait au Séminaire de Québec.

En 1765, le Séminaire de Québec ouvre à nouveau ses portes à tous les écoliers qui désirent poursuivre des études avancées, sans tenir compte de leur choix de carrière, laïque ou ecclésiastique. Il est à noter ici que les cours ne se limitent pas aux seuls postulants à la prêtrise.
Ce paragraphe tiré de: "Histoire de l'éducation au Québec" auteur: Richard Leclerc février 1989

Il faut dire aussi que dans une si petite communauté et avec si peu de ressources financières, il était très difficile de trouver des enseignants. Quelques-uns sont venus de France et on a ouvert une école Normale pour former des enseignants canadiens, mais avec peu de résultats. Il semble que ce soit surtout des prêtres ou des religieux qui jouaient ce rôle, prêtres qui bien que plein de bonne volonté, n'ont peut-être pas toute la formation générale qu'il faudrait. Il est probable que le catéchisme occupait une grande place.

Quoiqu'il en soit, les autorités en place pendant le Régime français ont fait, semble-t-il, des efforts pour que les enfants soient instruits. Mais étant donné que les études n'étaient pas gratuites, il va de soi que sauf pour ceux qui voulaient entrer en religion, il était difficile aux pauvres, même talentueux ,de s'instruire.

Par comparaison en Angleterre voici ce que l'on avait:

Au 17° siècle, la plupart des villes de l'Angleterre avaient une école secondaire appelée "Grammar school", proposant une éducation gratuite ou peu chère à des garçons de la ville; la modernisation de la société et le développement du commerce nécessitaient la formation de plus en plus de jeunes sachant lire et écrire, et de nombreux grammar schools ont été créées à cette époque. On estime que dès 1640, un tiers de la population anglaise savait lire.

Pendant les siècles de la Révolution industrielle (18° et 19° siècles), le système éducatif est resté entre les mains de l'église et d'organismes caritatifs; petit à petit, le pourcentage d'enfants scolarisés augmente, mais dans l'ensemble l'éducation scolaire reste réservée aux enfants des classes dirigeantes et intermédiaires. En 1833, le Parlement britannique désigne un premier budget en faveur de la création d'écoles élémentaires pour des enfants de familles modestes - jusque là une provision assurée uniquement par l'église ou par des œuvres philanthropiques. Des réformateurs militent en faveur de la généralisation de l'éducation scolaire gratuite pour tous les enfants, l'idée fait son chemin, et enfin c'est l'Education Act de 1870 qui instaure l'éducation élémentaire obligatoire pour tous, de cinq à dix ans. La durée de scolarisation est allongée par la suite.

Quant à l'enseignement secondaire, celui-ci reste l'affaire des acteurs historiques; les Grammar schools, gérées par les églises, par des fondations caritatives, ou par des villes, continuent d'assurer l'éducation des jeunes souhaitant poursuivre leur scolarité au-delà du niveau de l'école élémentaire. Le Grammar Schools Act de 1840 et l'Endowment schools act de 1869 ont consolidé le rôle du gouvernement central dans la provision d'un enseignement secondaire gratuit dans des écoles qui, pour la plupart, accueillaient un mélange d'élèves payants et non payants.

(http://angleterre.org.uk/civi/education.htm)

On peut voir que par rapport à ce qui faisait en Nouvelle-France, les possibilités de s'instruire pour le peuple de la Nouvelle-France est moins accessible que pour les gens pauvres d'Angleterre. De plus, on sait que la gratuité scolaire, jusqu'à l'université, est disponible en Écosse depuis 1695. Et l'on disait de ce système écossais qu'il était le plus accessible au monde au 19e siècle.

Bien que l'accès soit plus facile, par exemple en Écosse, est-ce que ça permet vraiment aux gens pauvres des villes ou des campagnes de s'instruire. Quand on sait que le travail des enfants était très fréquent dans ces années. Il était souvent requis pour permettre à la famille de survivre. Mais il est évident que plus l'accès à l'école est facile et gratuit, plus il y a de chances que les pauvres s'instruisent. De plus, l'accès gratuit à l'école découle de la nouvelle mentalité qui met l'accent sur l'importance de l'instruction.

Une partie de la différence de niveau d'éducation entre les Français catholiques et les Anglais protestants surtout, mais, aussi les Irlandais catholiques vient certainement du degré d'importance qu'y accorde les élites francophones, mais ça n'explique que peu de choses finalement. Il semble selon l'étude de Mélanie Julien intitulée: La fréquentation scolaire à Québec, 1871-1901: l’effet de l’industrialisation, de l’appartenance culturelle et de la classe sociale (référence complète plus loin) démontre que selon le niveau de l'échelle sociale atteint par le chef de famille le taux de fréquentation scolaire varie.

Donc plus le chef de famille est élevé dans l'échelle plus le taux de fréquentation scolaire est grand, peu importe l'appartenance religieuse ou ethnique. Par exemple, dans les familles où il y a un domestique, ce qui représente 10% des familles canadiennes-françaises, le taux de fréquentation est de 90%. Cependant, pour une même classe sociale, les Français catholiques ont un taux de fréquentation moins élevé que les Irlandais catholiques ou les protestants.

En 1871 Chef de famille dans le secteur des Services:

Franco-catholiques: 77%
Irlandais catholiques: 86%
Protestants 87%

Dans le bas de l'échelle sociale:

Franco-catholiques: 41%
Irlandais catholiques: 62%
Protestants 64%

En comparant, les taux des Franco-catholiques et les Irlandais catholiques, force est de constater que l'effet de la religion ne se manifeste pas. En effet, à cette époque, les Irlandais étant catholiques devaient s'inscrire dans le réseau catholique d'enseignement alors que les Anglais allaient au réseau protestant.

Selon cette étude, la classe sociale jouait un plus grand rôle que l'influence culturelle pour faire en sorte que les francophones avaient un retard par rapport aux autres ethnies à la fin 19e siècle. Retard qui perdure jusqu'à la Révolution tranquille, je présume.

 

Références:

  1. La fréquentation scolaire à Québec, 1871-1901: l’effet de l’industrialisation, de l’appartenance culturelle et de la classe sociale, Mélanie Julien parue dans : Cahiers québécois de démographie,Vol. 37, no 1, Printemps 2008, p. 35-60
  2. L'instruction au Canada sous le régime français (1635 -1760) par l'abbé Amédée Gosselin, archiviste et professeur d'histoire du Canada au Séminaire de Québec et à l'Université Laval. (BANQ)
  3. Site Internet concernant l'éducation en Angleterre pendant cette période.
  4. Lois sur le système d'éducation avant 1850 et Jean-François Perrault, tiré de L'Histoire du Québec pour les Nuls, page 122 par Éric Bédard.

École de rang intérieur 1940
Photo tiré d'un article de Le Devoir


École de rang entre 1951-1997, vue extérieure
Photos d'Antoine Desilets BANQ: P697,S1,SS1,SSS1,8D002_001


École de rang, intérieur entre 1951-1997
Photos d'Antoine Desilets BANQ: P697,S1,SS1,SSS1,8D002_014


École de rang Charlevoix 1942
BANQ:E6,S7,SS1,P8229

Institut agricole d'Oka 1930

Séminaire de Québec en 1915
BANQ: P600,S6,D1,P888

L'école de rang

Le bâtiment, souvent douteux et peu propice à l'enseignement, dut faire place, à partir des années 1880, à des édifices ayant un minimum de normes. Aussi, le gouvernement fournit des plans pour la construction des écoles qui devaient accueillir une trentaine d'élèves, de la 1re à la 7e année. Ceux-ci devaient avoir des cours de français, d'arithmétique, d'histoire, de géographie, de religion, de bienséance, de dessin et de chant. La base, quoi! À quoi ressemblait en gros une école de rang? Généralement construite en bois, d'une dimension de 7 m sur 10 m, elle devait avoir plusieurs fenêtres pour l'éclairage, une « shed à bois » et une « bécosse » attenantes à l'école. Quand on entrait dans l'école, au rez-de-chaussée, on se trouvait d'abord dans le « tambour » qui servait de vestiaire. Puis, on arrivait à la classe unique où étaient vissées au plancher trois rangées de quatre pupitres à deux places. L'étage du haut servait d'appartement à la maîtresse d'école. Pour le chauffage, il y a avait un poêle à bois, dont la responsabilité à entretenir le feu incombait à un élève.


Tiré de la: Rentrée d'antan à l'école de rang
Informations plus complètes sur le lien qui suit: L'école de rang, Cap-aux-diamants, no 52 1998

Le Rapport Parent


Citation d'une de nos élites politiques du temps de Duplessis avant la Révolution tranquille


"L’instruction? Pas trop! Nos ancêtres nous ont légué un héritage de pauvreté et d’ignorance, et ce serait une trahison que d’instruire les nôtres ». Ces paroles sont d’Antoine Rivard, avocat, député de l’Union nationale et solliciteur général du Québec de 1950 à 1959. Son chef, Maurice Duplessis, a également une drôle de conception de « l’instruction ». En effet, celui-ci affirme qu’elle est « comme la « boisson », il y en a qui ne la portent pas ».

Partie éditoriale: Oufff, les Québécois ordinaires n'étaient pas grand-chose à cette époque! Encore aujourd'hui, nous sommes étonnés que les anglos fassent du Québec "bashing". Quand on sait, qu'à cette époque les anglos, même au Québec, étaient mieux éduqués, y compris les catholiques irlandais et nos compatriotes, nos élites disaient ce genre de choses. Il est facile de voir quel message ça donnait aux opposants. 

Ces deux hommes, ainsi que les autres députés de l’Union nationale déclarent pendant des années que le Québec possède le meilleur système d’éducation au monde. Or, à l’aube des années 1960, les données sont loin de corroborer cette assertion pompeuse. De fait, la moitié des jeunes âgés de 15 à 19 ans d’alors ne vont plus à l’école. Cette génération ressemble aux précédentes puisqu’en 1962, 54 % des adultes de 25 ans n’ont pas dépassé la sixième année. En 1961, les Noirs américains de 25 à 29 ans ont en moyenne une année de scolarité de plus que les Canadiens français du même groupe d’âge. Et comme si ce n’était pas assez, le système d’éducation du Québec se révèle sous-équipé, son personnel enseignant — composé de plusieurs membres des communautés religieuses —, complètement débordé et à bout de souffle. Bref, la situation frise la catastrophe, d’autant plus que le monde du travail réclame de la main-d’oeuvre spécialisée.

Note concernant les citations de Antoine Rivard et de Duplessis. Selon l’IA de Bing: la citation de Antoine Rivard est légendaire, elle lui a été attribuée pour le discréditer!? J'ai retrouvé la source de mon texte et j'ai mis le bon hyperlien (plus haut), il avait changé. Quant à la citation de Duplessis, selon l’IA de Bing, Bing donne le lien provenant d'une chanson de Félix Leclerc.

Les membres de la commission Parent, en 1961. Monseigneur Alphonse-Marie Parent, président, est au centre. Deuxième à partir de la droite de la deuxième rangée, on aperçoit le sociologue Guy Rocher.

Neuf commissaires et trois membres du personnel de la Commission Parent. De gauche à droite: John McIlhone, CWynne Dickson, soeur Mairie-Laurent de Rome (Ghislaine Roquet), Michel Giroux, David Munroe, Arthur Tremblay, Mgr Alphonse-Marie Parent, Jeanne Lapointe, Gérard Filion, Guy Rocher, Paul Larocque et, Louis-Philippe Audet


Première polyvalente du Québec à Vaudreuil à la suite du Rapport Parent, en 1964
Photo en provenance du site: ActualitésUQUAM
"Qui s'instruit s'enrichit"

Pendant la campagne électorale et même à l'arrivée au pouvoir de Jean Lesage, les slogans "Qui s'instruit s'enrichit" et "Maître chez nous" seront les éléments clés de la Révolution tranquille. La Révolution tranquille commence à changer la société et les institutions, dont le Rapport Parent qui va révolutionner l'éducation au Québec. Permettant, on l'espérait, de reprendre le retard que les Québécois ont subi en éducation sous la dominance des religieux et du gouvernement de Duplessis compte tenu de la mentalité des dirigeants de cette période.

On peut s'étonner, compte tenu des conséquences qu'aura le Rapport Parent, qu'on nomme comme président, un monseigneur, Mgr Parent. Mais Paul-Gérin Lajoie, alors ministre de l'Éducation dans le gouvernement de Lesage, connaissait cet ecclésiastique et savait pertinemment qu'il était ouvert au renouveau et qu'il ne bloquerait pas les nouvelles idées.


Ma photo de 2016/04/23

Les trois bâtiments au centre de la photo, deux bruns rouges et un blanc sont respectivement La Téluq, le Siège social de l'université du Québec et le blanc l'ÉNAP. Ce sont des composantes de l'Université du Québec. La création d'un réseau universitaire publique faisait partie des recommandations du Rapport-Parent.

Dès 1955, Arthur Tremblay constate que la liberté d'enseigner au Québec est telle qu'il n'y aucune uniformité dans l'enseignement.

Pour ouvrir une école on a qu'à avertir le surintendant de l'Instruction publique. Par la suite, on peut y enseigner ce que l'on veut selon la méthode de son choix.

Il prône alors, la création d'un ministère de l'éducation qui coordonnerait l'administration et le contenu académique de l'enseignement dans la Province.

En 1958, lors de la conférence provinciale sur l'éducation, Arthur Tremblay déclare qu'au moins 100 000 enfants sont confiés à des professeurs sans diplômes. Selon lui la situation est désastreuse.

Il propose de porter l'âge scolaire obligatoire de 14 à 16 ans.

En 1960 Arthur Tremblay a été reconnu par le ministre de l'Éducation sous Lesage, comme le vrai bâtisseur de la Révolution tranquille.

 

Le Rapport Parent

Voici les éléments clés :

  • École obligatoire gratuite jusqu’à 15 ans et jusqu'à la 11e année
  • Abolition des collèges classiques
  • Création des polyvalentes et des cégeps pour les études préuniversitaires
  • Création du réseau de l’Université du Québec dans l’ensemble du Québec
  • Établissement d’un régime de prêts et bourses pour les étudiants aux niveaux collégial et universitaire
  • Création d’un ministère de l’Éducation

La démocratisation de l'éducation

La création de la Commission d'enquête sur l'éducation, applée plus simplement le Rapport Parent, émane du constat que fait la société québécoise sur le grave retard de l'éducation par rapport aux sociétés civilisées, y compris les provinces canadiennes.

Avant les années 1960, l'éducation était synonime d'autorité et le corps professoral, majoritairement des religieux, y exerçait un contrôle absolu. (vouvoiement, coups de règles et classe séparées filles et garçons et aussi beaucoup d'enseignement religieux uniquement catholique).

Seules les familles les plus aisées pouvaient prolongées les études au-delà des premières années du primaire.

Avec les recommadations du Rapport-Parent, les structures du système scolaire en seront radicalement modifées. Les polyvalentes et les CEGEPs remplaceront les collèges classiques et les écoles de métiers deviendront de l'enseignement professionnel dans les polyvalente.

La formation des professeurs passera de l'école Normale à l'université valorisant ainsi le rôle des enseignants.

La recherche en enseignement a aussi bénéficié d'une valorisation et de financement accru.

La création de l'université du Québec était de créer un réseau d'université partout en province. Elle est constituée en 10 composantes: UQAM, UQTR, UQAR, UQAC,UQO, UQAT, INRS, ENAP, ÉTS, TÉLUQ. Ainsi avec cette décentralisation toutes les régions ou presque du Québec ont accès à des cours universitaires de qualité sans devoir déménager. Bien sûr, les différentes composantes ont des spécialités qui sont mieux adaptées aux besoins locaux qu'ont pensent à l'UQAR, Rimouski qui est plus spécialisé sur l'océanographie et toutes les sciences de la mer. L'École normale:

L'École Normale a été créée, pour les hommes en 1856 et pour les femmes en 1899. Elle avait pour but de former de bons professeurs en donnant aux aspirants professeurs(es) principalement des cours sur la façon d'enseigner et un complément de matières académiques. Cette École Normale visait à compléter la formation des aspirants instituteurs et institutrices pour obtenir un brevet d'enseignement. Pour les filles, j'imagine qu'il en était de même pour les garçons, elles devaient passer un examen d'entrée après avoir complété la 8e ou 9e année du primaire. Ces écoles ont formé beaucoup d'institutrices en 60 ans, mais ce n'était pas un passage obligé pour enseigner. Il n'y avait donc pas d'uniformisation des normes.